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Street food à Palerme

Cibo di strada palermitaine

Manger avec les doigts, c’est bien meilleur. Et si l’Italie assure son panino en matière de street food (voir ce site vertigineux recensant des centaines de trésors urbains cédés à vil prix), la Sicile met la barre très haut, et en particulier Palerme, où le gourmand dénichera au coin de la rue tous ses péchés, sucrés ou salés.

Le prudent et l’économe pourront débuter avec cette liste resserrée, mais le téméraire affamé se lancera à l’attaque toutes mimines déployées, en débutant par les marchés (surtout Ballarò, évocateur de la Bal’harm arabo-musulmane pour peu pour que l’on ait quelque goût pour les fanstamagories historiques et la cassata, qas’at), solution de facilité mais vraie félicité : couleurs, senteurs, musique du sicilien, tout le mettra en appétit. Son initiation faite,  il délaissera alors ces rues balisées pour se lancer dans la quête du venditore ambulante du jour, quête sans fin et sans gloire, qui parfois se conclue l’estomac en capilotade (plus c’est gras, meilleur c’est…) ou entre les jambes (un camion n’a pas d’adresse ). Mais quête honorable. Car l’homme a toujours faim, jusqu’à son dernier jour.

Courir après sa faim à Palerme, donc ? Babbaluci, pane con milza, cozze, sfincione ? Un soir d’hiver où le macabre sicilien traine de trop dans la ville, tentez un quitte ou double avec le pane panelle e crocchè (sandwich de beignet de pois chiches).  Si vous en réchappez, Palerme vous ouvrira grand ses églises-mosquées.


Le burger à la rate de Palerme

Abats à l’italienne (cont’d)

Poursuivons notre tour du monde exploratoire du sandwich aux abats avec la variante palermitaine. Ici le pani câ mèusa (pain à la rate), présenté dans sa déclinaison à la ricotta (marié, maritatu).

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On pourra préférer le lampredotto florentin dégoulinant de sauce verte au sec et fade farci sicilien de poumon et de rate de veau  haché  (version Antica Focacceria San Francesco), mais ceci est un avis personnel, qu’il conviendra de tempérer par la dégustation de la production des nombreux banchetti ambulante de Palerme.

Bourdeilles

Noble dame et douce rivière

Dans la demeure seigneuriale renaissance de cette ancienne baronnie du Périgord, après avoir saluer les grotesques de crédences XVIe, s’installer dans le salon d’apparat, sous son exceptionnel plafond peint à la française. C’est ici que Brantôme courtisa sans succès la vertueuse Jacquette de Montbron, dame architecte du Périgord et de l’Angoulémois.

« Sur tous les Arts, elle ayma fort la Géométrie & Architecture, y estans très-experte & ingénieuse, comme elle a bien fait paroistre en ce superbe édifice & belle maison de Bourdeille, qu’elle fit batir de son invention et seule façon, qui est très-admirable. »

plafond

De Bourdeilles, on appréciera aussi son château médiéval (le donjon se grimpe), son vieux pont sur la Dronne, sur les berges de laquelle on pique-niquera les orteils au frais, son moulin et une chouette auberge (en saison, glaces et sorbets artisanaux), où locaux et gens de passage regardent la vie avancer à petits pas.

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Pour le prix de quelques centaines de canards gras ou de trois tracteurs, des maisons sont à vendre au centre-bourg. Elles attendent sereinement l’arrivée du prochain baron de Bourdeilles.

Santorin

Sur la muraille de Chine

Marcher : 10 km (aller)
Manger : à Oia



Les lecteurs assidus de marchermanger connaissent l’appétence assumée de l’auteur pour les thèmes mer, volcan et île, et de fait leur surreprésentation statistique dans la production de ce dernier. Le présent post ne fera qu’accentuer ce biais, sorry guys!

Car vous savez tous que Santorin est une île méditerranéenne volcanique.

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Où des ânes mélancoliques triment dur, sous l’ œil indifférent  de chats faméliques (on est sur une île cycladique). Véhicule privilégié du touriste occidental depuis Stevenson, voire même avant (comment imaginer le Grand Tour sans équidés ?), l’âne santorinois ne porte pas loin mais haut : du niveau de la mer à Firá (altitude : +588 marches). Un téléphérique construit en 1982 (voir ici un article de fond sur le sujet, à quoi bon continuer à décrire le monde alors que tout est déjà documenté ?) supplée au caractère peu fiable de l’espèce asservie (ici un témoignage de la misère existentiel des ânes de Santorin, décidément ce post ne sera que redite) et permet d’augmenter le débit montant de l’espèce dominante.

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Après l’ascension, la crête des falaises de Santorin offre un spectacle singulier. Le touriste cinéphile pensera à un processus de colonisation d’une créature exogène, ce que les données statistiques confirment (253,4 lits/km2, soit le record des Cyclades et un score astronomique au regard des performances françaises, lesquelles ne sont pas graduées au-delà de 100).

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Certains lits étant également équipés de spa, piscine ou terrasse meublée, voire même d’une chapelle orthodoxe, témoignant d’une stratégie commerciale tout à la fois agressive et originale, que les loueurs Airbnb de la Riviera auront du mal à égaler.

Les investissements consentis par ces munificents entrepreneurs indigènes attirent bien évidemment le chaland, parfois de fort loin. Il n’est donc pas rare de croiser d’honorables visiteurs asiates, dont certains auront bravé les recommandations de leur tour-operator (ne pas sortir de Firá car le meltem a tôt fait d’emporter les poids légers) pour baguenauder sur les sentiers côtiers en tongs et iPhone.

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Comment expliquer l’enthousiasme frénétique du tourisme international pour une si petite île ? Parmi les 227 îles grecques habitées ? Les triviaux rouages du marché de l’offre (grecque) et de la demande (chinoise), une pincée de marketing et voilà : 10 000 personnes débarquent chaque jour sur ce vieux volcan pacifique et le rendent infréquentable. Que faire contre un tel succès ? Les autorités promettent d’agir mais le marcheur changera d’île.

Mais reprenons la randonnée et disons un mot du chat cycladique. Tout autant mitraillé que son cousin l’âne, assez peu nourri lui aussi, il ne se plaint jamais, n’ayant pas à endosser la gestion du flux mondialisé des gros culs.

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Ici et là, on pourra croiser le résultat des efforts de scénarisation des professionnels de l’office du tourisme ou d’amateurs créatifs. Nul allusion au drame des réfugiés, juste une habile récup d’outils obsolètes, la pêche ayant cessé de nourrir le pêcheur local (lequel a suivi depuis un Fongecif pour se muer en pisciniste). Et de toute façon, il n’y a plus de poisson !

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A mi-chemin, on appréciera à sa juste mesure la vue sur la renommée caldeira de « l’île très belle », avant d’aborder la descente vers Oia, ancien village de pêcheurs et d’armateurs, aujourd’hui deuxième Plus Beau Village de Santorin.

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Ici encore, le génie urbain cycladique déploie sa maestria en un labyrinthe immaculé de chambres avec spa, édifié par une armée de maçons et peintres roumains.

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Les marcheurs encore vigoureux se lanceront dans les escaliers menant au port, où ils croiseront d’autres bêtes de somme chargés d’autres voyageurs du monde.

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oiaDans les restaurants du port, on applaudira les flambeurs asiates s’adjugeant de petits poissons avec de gros billets. Les impécunieux se régaleront de salades grecques et de moules au fenouil sauvage.

Le retour se fera en bus ou à pied, selon l’humeur.  L’option pédestre autorisera la visite d’un cimetière où un aéropage de chanceux défunts logés dans des cabines-maussolés vue mer partageront avec le marcheur leur silencieuse conversation.

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La journée dans le parc Disney-Santorin gagnera à être couronnée d’une visite au musée préhistorique de Firá, où sont exposées les fresques du site d’Akrotiri. Jeune pêcheur, singes bleus, enfants boxant et prêtresse aux seins nus laveront vos yeux des artefacts de la modernité croisés sur les sentiers de pierre-ponce. Et justifieront à eux seuls le lourd bilan carbone de votre vol international.

L’amusante croisière de la vie pourra alors reprendre son cours.

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Albufera, Valence

Al-buhayra, la petite mer

Pédaler : 40 km (aller-retour)
Manger : un arroz a banda à El Palmar



Une excursion au parc d’Albufera pour pédaler dans les traces du maréchal d’empire Louis-Gabriel Suchet, duc éponyme, se perdre dans une lagune arabo-andalouse, étudier l’étymologie de calabaza, calebasse, carabassa (catalan), cabaza (portugais), caravazza (sicilien), kerbah, pluriel kerâbat (arabe), espèce endémique dans les jardins ouvriers d’El Saler et d’emploi varié, franchir rizières et canaux, mitrailler canards et hérons, engloutir un arròs a banda avec son pot d’aïoli à El Palmar, réfléchir au concept de médiance durant la digestion, ramener une anguille pour le dîner.

Pour ne pas se perdre, rien ne vaut une bonne carte :

Hutong, Bordeaux

Singapour sur Garonne

Lassé du phở et des ramen ? Hutong vous tend les bras. Sa carte d’obédience singapourienne offre le syncrétisme le plus large qui soit, de la Chine à la Malaisie en passant par l’Inde,  le tout en micro-portions pousse-groumandise. Après la farandole des ravioli, brochettes et curry, ne pas bannir les desserts, qui font mieux que se défendre. Service amicale, terrasse ombragée sur la place, les étudiants de la Victoire ont bien de la chance…

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♥♥ / €
Hutong
1, place du Général-Sarrail
Bordeaux
hutongstreetfood.weebly.com

Mugaritz, San Sebastian

Andoni Luis Aduriz, le génie des alpages

 

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Pommes de terre en croute de kaolin, crevettes frites

FARCIS DE RAVIOLI D´ARAIGNÉE DE MER ET AMANDES FRAÎCHES, sur un consommé translucide de feuilles et pousses citriques.

En forme de petites mozzarellas : GNOCCHI ONCTUEUX DE FROMAGE IDIAZÁBAL TREMPÉS DANS UN BOUILLON DE SALAISONS DE PORC IBÉRIQUE. Contrastes de légumes.

En guise de pâtes, amarante cuite au bouillon de sardines garni DE QUEUES DE PETITES LANGOUSTINES et de feuilles tendres du potager.

TRANCHE DE THON sur un bouillon de ceréales et poissons bleus. Feuilles de brassica.

COCHON DE LAIT IBÉRIQUE RÔTI dans son jus, sur lit de graines de quinoa et feuilles fermentées.

SÉLECTION DE FROMAGES D’Euskal herria, de toutes sortes : de brebis, vache ou chèvre; d’abbaye, de monastère, fermier; de montagne ou de pré; petites pièces artisanales.

PAIN PERDU trempé dans du jaune d’Œuf et caramélisé, crème glacée élaborée avec du lait de feuilles de figues.

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SPHERE GLACEE AU CHOCOLAT BLANC sur nougatine brisée aux fruits secs. Distillé de cacao.

Juin 2008

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Aldura Aldea, 20
20100 Errenteria
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