Archives pour la catégorie Manger


Pinson, Chambéry

En terrasse au pied des montagnes

Pour sa tranquille terrasse avec arbres et oiseaux, sa futée carte ramassée mais où tout fait envie, sa cuisine teintée d’orient, on ira les yeux fermés et mais les autres sens aiguisés chez Pinson. Et aussi pour sa carte des vins invitant à la découverte des vignobles du coin (par exemple ceux de la famille Ravier).

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L’omelette norvégienne flambée à la Chartreuse et l’éclair géant au caramel beurre salé (éventuellement à partager) laissent un goût de reviens-y vite (en Savoie).

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Pinson
73000 Chambéry
www.restaurant-pinson.fr

Akelarre, San Sebastián

Pedro Subijana, rocker classique

La région de San Sebastián pourrait faire l’objet d’un guide gastronomique en trois volumes tant il y a de lieux à recenser (et visiter). Réputée depuis longtemps pour l’excellence de sa table, elle concentre aujourd’hui une tripotée d’étoilés, comme nous le prouve cette carte aimablement fournie par d’éminents confrères locaux.

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Parmi les heureux couronnés ***, Akelarre mérite une visite attentive : sa subtile alliance de classicisme et de malice marque yeux et papilles. Les crevettes flambées sur leur pierre volcanique, servies au guéridon, ouvre le bal (tuto ici pour les cuisiniers pyromanes).

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Le kokotxa revisité, tout aussi spectaculaire, sera plus complexe à reconstituer à la maison, avec son assemblage vertical de croustillant-fondant tenu par un divin ciment à l’ail.

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Que dire du « Très fin et léger tartare de boeuf, pomme de terre nouvelle soufflée et pain aux herbes aromatiques », à déguster avec l’ustensile fourni ? Classique mais efficace. Un peu trop fin pour certain.

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Le colin à la vapeur d’algues, plancton et feuille d’huître, intriguant à souhait sur le papier, tient ses promesses. Après le rock’n roll kokotxa, le chef démontre son habilité à mener un rythme plus calme. Dans un décor de jardin zen, le colin nacré repose sur des galets de plancton.

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Puis une caissette remplie de copeaux est portée à table. Les morceaux de morue dessalée finissent dans un bouillon, ainsi que leur lit de pâte philo.

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Ici, par souci de brièveté, le chroniqueur saute le calamar comme un risotto et le pigeon rôti avec une touche de mole et cacao, deux plats qui balancent du gros son dans la salle bien comme il faut d’Akelarre.

La ronde des desserts débute alors : xaxu et mousse glacée au noix de coco, l’autre tarte aux pommes, tarte orange-amande. Bon et bien tourné, mais pas de coup de poing au ventre.

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On l’aura compris, Akelarre trace une route subtile entre créativité et tradition, dans un paysage clairement défini, celui du pays basque et de ses produits. Selon les menus et les plats,  le voyageur sera plus ou moins secoué mais jamais ne s’ennuiera.

♥♥♥ / €€€
Akelarre
Padre Orcolaga, 56 (Igeldo)
20008 San Sebastián
www.akelarre.net

Arte de Cozina, Antequera

La ronde des tapas

Il se dit que l’art du tapas trouve sa quintessence au Pays basque.  Les Andalous pensent tout autrement.  Et Arte de Cozina, avec sa carte des tapas de plus de vingt propositions, taille en chiffonnade cette idée reçue.

Une verticale exhaustive est donc à portée d’appétit. Tentons le défi ! Qui débutera par une mise en bouche, avant la première amuse-gueule. Chez Arte de Cozina, on ne plaisante pas avec les bonnes manières. Tartinons donc !

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La première tapa sera une soupe froide locale, la «porra»,  que l’on choisira à l’ail, à la tomate ou à l’orange. C’est cette dernière version qu’il faut essayer et même adopter (sa recette imprimée est offerte par la maison). Pain de mie, jus d’orange, huile d’olive et ail donnent  texture et saveur uniques à ce gaspacho.

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Selon l’humeur, on persévèrera dans le liquide, avec par exemple ces escargots en sauce piquante aux amandes (caracoles en guisillo picante de almendras, préparation abusivement étiquetée « facile » ici).

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À la suite de quoi, il sera tentant d’assécher toute cette humidité avec des tapas fort sapides et délicieusement croquantes : croquetas (nombreuses variantes), friture de menus poissons, crevettes embobinées (bobina de langostinos), patounettes de lapinou pânées (chuletitas de conejo).

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En enfin de se rouler dans du moelleux protéiné : hamburgers, tartares et autres délices viandards locaux, tel le prueba de matanza. Qui feront office de douceurs finales, les dolce n’étant pas au diapason…

La verticale de tapas sera arrosée tout du long par un moscatel Flor Floris de la sierra voisine.

Compter une paire d’heures pour passer la moitié des étapes de la verticale. Ayant échoué dans cette ascension, il faudra revenir ! (En demi-pension, chambres et restaurant « classique » étant à disposition des grimpeurs.) Pour louer encore et encore la bienveillance d’Arte de Cozina, ce conservatoire sincère et enjoué de la cuisine andalouse. Qu’il serait tentant d’opposer, de par chez nous, à la mode de la micro-bouchée… (L’invasion des tapas, Le Monde)

♥♥ / €
Arte de Cozina
Calle Calzada 29, Antequera
artedecozina.com

Auberge des Tilleuls, Badefols d’Ans

Burger au canard gras

Fatigué du confit-pommes sarladaises ? Après deux semaines de cabécou et sa salade à l’huile de noix vous pensez que le Périgord est une terre plate ? L’auberge des Tilleuls et son « Mac Coin Coin » feront de la fin de vos vacances un sommet alpin. Imaginez un burger qui ne serait ni revisité, ni retravaillé par un(e) chef à étoiles.  Mais punkifié, quoique mâtiné de poésie locale : abondant effiloché de confit (de canard donc), épaisse tranche de trappe d’Échourgnac, bun joufflu et forêt de salade. Un costume brutaliste qui cache un cœur tendre, doux au gosier et léger sur l’estomac.

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Néanmoins, convient-il de prendre cet exubérant  Mac Coin Coin en direct, en rippant l’assiette de charcuterie ou les moules sauce foie gras  ? Probablement. Mais veillez à ce qu’un convive se sacrifie pour le menu du déjeuner, lequel ouvre ses larges portes par une soupe et son chabròl. Il se termine par un tonneau de framboises (par exemple). Entre les deux, crudités puis plat du jour. Pensé pour un travailleur de force, il est cédé pour le prix d’un ticket-restaurant des gens de la ville. Ah vraiment, le seul défaut de l’auberge des Tilleuls : ne pas proposer de chambre en demi-pension !

En été, on hésitera entre la terrasse côté village, avec sa tonnelle et ses conversations de village, ou celle dite des tilleuls, romantique à souhait. En hiver, la grande salle et son défilé de soupières. Toute l’année, accueil amical, service enjoué.

Avant de quitter le chef-lieu du pays de Cocagne, ne pas faire l’impasse sur trois visites :  l’église, ses enfeux et modillons ; l’imposant château-fort (privé, mais le parc est ouvert aux aventuriers), qui fera frissonner d’envie les enfants et digérer leur Mac Coin Coin aux grands ; la charcuterie,  pour son saucisson à l’ail et sa charcutière.

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L’auberge des Tilleuls
24390 Badefols d’Ans
www.aubergedestilleuls.net

Street food à Palerme

Cibo di strada palermitaine

Manger avec les doigts, c’est bien meilleur. Et si l’Italie assure son panino en matière de street food (voir ce site vertigineux recensant des centaines de trésors urbains cédés à vil prix), la Sicile met la barre très haut, et en particulier Palerme, où le gourmand dénichera au coin de la rue tous ses péchés, sucrés ou salés.

Le prudent et l’économe pourront débuter avec cette liste resserrée, mais le téméraire affamé se lancera à l’attaque toutes mimines déployées, en débutant par les marchés (surtout Ballarò, évocateur de la Bal’harm arabo-musulmane pour peu pour que l’on ait quelque goût pour les fanstamagories historiques et la cassata, qas’at), solution de facilité mais vraie félicité : couleurs, senteurs, musique du sicilien, tout le mettra en appétit. Son initiation faite,  il délaissera alors ces rues balisées pour se lancer dans la quête du venditore ambulante du jour, quête sans fin et sans gloire, qui parfois se conclue l’estomac en capilotade (plus c’est gras, meilleur c’est…) ou entre les jambes (un camion n’a pas d’adresse ). Mais quête honorable. Car l’homme a toujours faim, jusqu’à son dernier jour.

Courir après sa faim à Palerme, donc ? Babbaluci, pane con milza, cozze, sfincione ? Un soir d’hiver où le macabre sicilien traine de trop dans la ville, tentez un quitte ou double avec le pane panelle e crocchè (sandwich de beignet de pois chiches).  Si vous en réchappez, Palerme vous ouvrira grand ses églises-mosquées.


Le burger à la rate de Palerme

Abats à l’italienne (cont’d)

Poursuivons notre tour du monde exploratoire du sandwich aux abats avec la variante palermitaine. Ici le pani câ mèusa (pain à la rate), présenté dans sa déclinaison à la ricotta (marié, maritatu).

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On pourra préférer le lampredotto florentin dégoulinant de sauce verte au sec et fade farci sicilien de poumon et de rate de veau  haché  (version Antica Focacceria San Francesco), mais ceci est un avis personnel, qu’il conviendra de tempérer par la dégustation de la production des nombreux banchetti ambulante de Palerme.

Hutong, Bordeaux

Singapour sur Garonne

Lassé du phở et des ramen ? Hutong vous tend les bras. Sa carte d’obédience singapourienne offre le syncrétisme le plus large qui soit, de la Chine à la Malaisie en passant par l’Inde,  le tout en micro-portions pousse-groumandise. Après la farandole des ravioli, brochettes et curry, ne pas bannir les desserts, qui font mieux que se défendre. Service amicale, terrasse ombragée sur la place, les étudiants de la Victoire ont bien de la chance…

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Hutong
1, place du Général-Sarrail
Bordeaux
hutongstreetfood.weebly.com

Mugaritz, San Sebastian

Andoni Luis Aduriz, le génie des alpages

 

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Pommes de terre en croute de kaolin, crevettes frites

FARCIS DE RAVIOLI D´ARAIGNÉE DE MER ET AMANDES FRAÎCHES, sur un consommé translucide de feuilles et pousses citriques.

En forme de petites mozzarellas : GNOCCHI ONCTUEUX DE FROMAGE IDIAZÁBAL TREMPÉS DANS UN BOUILLON DE SALAISONS DE PORC IBÉRIQUE. Contrastes de légumes.

En guise de pâtes, amarante cuite au bouillon de sardines garni DE QUEUES DE PETITES LANGOUSTINES et de feuilles tendres du potager.

TRANCHE DE THON sur un bouillon de ceréales et poissons bleus. Feuilles de brassica.

COCHON DE LAIT IBÉRIQUE RÔTI dans son jus, sur lit de graines de quinoa et feuilles fermentées.

SÉLECTION DE FROMAGES D’Euskal herria, de toutes sortes : de brebis, vache ou chèvre; d’abbaye, de monastère, fermier; de montagne ou de pré; petites pièces artisanales.

PAIN PERDU trempé dans du jaune d’Œuf et caramélisé, crème glacée élaborée avec du lait de feuilles de figues.

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SPHERE GLACEE AU CHOCOLAT BLANC sur nougatine brisée aux fruits secs. Distillé de cacao.

Juin 2008

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Aldura Aldea, 20
20100 Errenteria
http://www.mugaritzak.com

Salt & Pepper, Fira

Cycladic slow food

A 320 m du McDo, à 53 marches des abattoirs à touristes avec vue mer, Salt & Pepper et sa patronne dressent haut l’étendard de la rébellion. Ici, la terrasse donne sur la rue centrale et son défilé de quads et scooters à échappement libre. Le service est débordé. Mais une généreuse cuisine maison fait oublier les avanies du tourisme mondialisé : beignets de tomates, moules au grill, sauté de porc, que du frais,  bien tourné.

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La patronne voit défiler le monde entier. Faites-la parler, vous ne serez pas déçu.

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Fira, Santorin