Café frappé
Il est rare d’être déçu par un café frappé, surtout en été, mais celui de la caffetteria Turandot justifie à lui seul le voyage à Lucques. Il se pousse vraiment du col.
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Caffetteria Turandot
8, Piazza San Michele
55100 Lucca
La tripe est une affaire sérieuse en Toscane, et en particulier à Florence, où les kiosques à lampredotto sont nombreux, géolocalisés et leurs mérites respectifs âprement discutés. On pourra s’initier à cette science en commençant par une introduction formelle mais il faudra bien sûr pratiquer sur le terrain, par exemple chez Da’Vinattieri, où il sera possible de suivre l’expérimentation in vivo, depuis la découpe en fines tranches de la caillette, son assaisonnement avec sauce verte et/ou piment, jusqu’à l’assemblage final du sandwich, dont la partie supérieure est trempée dans le bouillon de cuisson.
Ce chaud en-cas sera alors rapidement englouti afin de profiter de son onctueuse humidité. Attention, le risque de se saloper intégralement la vêture n’est pas négligeable.
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Via Santa Margherita 4R
50122 Firenze
www.davinattieri.it/
Un énième restaurant tendance onzième ? Que nenni ! Chez Salt, dès le vernis de bon élève décapé (déco à carreaux, cuisine ouverte), se dévoile un esprit de mauvais garçon : le chef balance des produits repoussoir (la betterave), tranche des têtes de cabillaud version XL dans les assiettes et ne sucre pas ses desserts.
Et c’est réussi : joli dressage, mariage de produits bien arrangé, dans un syncrétisme Paris-Copenhague-Tokyo parfaitement digéré.
Le soir, l’addition est rock’n’roll, mais ce mauvais moment est vite oublié.
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6 rue Rochebrune
75011 Paris
http://www.salt-restaurant.com/
Le Salève creuse l’appétit. Ses 1380 mètres appellent compensation, solide et liquide. L’Observatoire dresse sa tour de ralliement à cet effet. Ici, vous trouverez des burgers de bûcheron, à la verticalité bien dans l’esprit du lieu, mais aussi des plats tout en délicatesse.
Deux terrasses, un bar, une grande salle à manger équipée de coins canapé et billard, un service amical, font de l’Observatoire un lieu cosy. Mais les prix de la carte des vins rappellent que l’on n’est pas à la maison…
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8200 route des Trois Lacs
74560 Monnetier-Mornex
http://www.lobservatoire.fr/
Vous êtes de passage à Chapel Hill. Vous avez une faim de loup. Vous mangeriez bien du bœuf (en burger). Essayez donc plutôt The Pig ! Ici le cochon se sert fumé, selon diverses déclinaisons : à l’assiette, dans des buns ou façon po-boys (une sorte de baguette de Louisiane).
Et The Pig s’obstine à se distinguer du diner moyen : la viande est hormone-free, les végétariens y trouveront beignets de tomate verte et choux de Bruxelles sautés. Et les vietnamophiles une variante locale du bánh mì, à laquelle il sera possible d’associer des frites, appariement relativement rare, au Vietnam comme en France.
Il faudra bien deux pintes de bière pression pour faire passer le tout. Surtout les commandes large.
♥ / €
630 Weaver Dairy Rd, Chapel Hill
North Carolina
http://thepigrestaurant.com
Les décennies passent mais on ne se lasse pas. Les têtes changent, la carte suit doucement l’air du temps, le prix de la portion de scampi colle gentiment à l’inflation. Mais l’esprit de la maison semble coulé dans un bloc de glace (avec des harengs à l’intérieur). Manger au bord de la mer du Nord, c’est adoucir la cuisson de la flèche du temps.
La haute lutte pour commander au comptoir, la conquête d’une table sur la place, le ballet des serveurs de compèt (sur la fiche de poste : trois langues obligatoires, convivialité, rapidité, sureté du geste, voix portant loin), le ballet des gourmands traversant la rue à l’appel de leur prénom et revenant lourds d’assiettes lorgnées de tous : poissons et fruits de mer à la plancha, sandwichs et burgers de la mer, fritures variées. Pas de frites à la carte, hein ! Mais huîtres de France ou d’Irlande dans l’annexe voisine.
On y passerait bien la journée, à déguster le spectacle.
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Rue Sainte Catherine 45
1000 Brussels
http://vishandelnoordzee.be
La Trattoria di Montemagno est cachée dans un village des Monts Pisans, au bout d’une route qui à force de rétrécir s’arrête tout à fait. Elle n’est référencée dans aucun guide. Son chef est une chef. On y mange une cuisine de haute saveur pour 15 euros. Comment est-ce possible ?
On est en Italie, les gars !
En Italie, derrière les fourneaux, ils ont aussi des Michel-Ange (Massimo Bottura) et des Savonarole (le siège du mouvement slow food est à 30 km). Mais il est commun de trouver au restaurant une cuisine de ménage, rurale, familiale, traditionnelle, bonhomme, de bonne femme. (Trouver sans chercher.) Une cuisine qui a été balayée, de ce côté-ci des Alpes, par la prise de pouvoir des hommes, d’Escoffier à Gault&Millau, et par notre maladie nationale, le raffinement. Nous n’avons plus d’artisans et trop d’artistes, notre climat ne produisant que des chefs aspirant aux *** ou des clients Metro. On aimerait pourtant que puissent exister dans le même espace-temps Pierre Passard et signora Daniella (les noms sont fictifs).
Bref, à la trattoria di Montemagno, vous ne trouverez pas de plats d’auteur. Zéro créativité ! Aucun produit d’exception. Juste de la pasta bien saucée, des légumes même pas anciens bien traités et quelques spécialités locales. Les plats que votre grand-mère italienne vous mitonnait pendant vos étés en Toscane, bande de veinards !
Soit, pour être moins théorique :
Bon, côté dessert, Conticini n’est pas à la manœuvre (eh oui, le blogueur est contradictoire), mais la maison se défend bien :
Accueil tout en douceur, service tout en efficacité. La clientèle, essentiellement italienne, apprécie des deux mains l’axe programmatique de la maison et les plats défilent comme à la parade. L’été, on dîne sur la piazza. On prendrait bien demi-pension, si ce n’était le vin de la maison, vraiment éprouvant et sans alternative (pas de carte des vins). Dit Daniella, la prochaine fois, on pourra venir avec notre bouteille ?
Alors ? Venir plusieurs fois pour goûter toute la carte. Le Pisan ayant un palais pointu, la trattoria est connue et visitée : il faut réserver.
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Trattoria di Montemagno
Montemagno di Calci, Pisa
Gentil accueil, cuisine qui se donne du mal et parvient à échapper à la doxa locale. Bons produits, des plats végétariens, beaux desserts, bravo ! Une clientèle internationale célèbre le lieu à grand flot de bière du coin et de bergerac, toute à sa joie d’avoir déniché une adresse singulière.
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Le Veilleur d’Urval
24480 Urval
www.leveilleurdurval.com
Alors ? Rien à ajouter !
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2, boulevard de la Houle
35800 Saint-Briac-sur-Mer
Ici la bière coule à flot et des indigènes Allemands envoient du barbecue texan au canon depuis 1866. Vraiment déconseillé aux petits estomacs et aux vegans orthodoxes : poulet crapaudine, ailes du même volatile, saucisses, jarrets, etc. Carte des bières longue comme une street d’Austin.
Une arrière-cour ombragée peut accueillir une compagnie de hussards au complet.
Alors ? Venir accompagné de germanophones pour une véritable expérience interculturelle.
♥♥ / €€
http://www.scholzgarten.com
Scholz Garten
1607 San Jacinto Blvd,
Austin, TX 78701